Marie-Thérèse JOUVE

Avec sa fratrie, l’élégante notable du XIXe siècle a dédié son existence à la collecte et à la préservation des traces du passé cavaillonnais.

Une CONSERVATRICE avant l'heure

Un nom et une ville indissociables. Évoquer le patrimoine de Cavaillon, c'est se plonger immanquablement dans l'histoire d'une famille : les Jouve. Un trio, deux frères aînés - Michel et Auguste - et la cadette Marie-Thérèse née en 1860 dans une famille bourgeoise du Vaucluse. Au cœur d'un XIXe siècle soucieux des convenances, Marie-Thérèse était destinée à devenir épouse et mère. Il n'en sera rien. Instruite, curieuse, artiste, la jeune femme va toute entière se consacrer au passé de sa ville. Sans négliger cependant d'habiter de plain-pied son époque et d'en laisser de précieux témoignages.

Marie-Thérèse Jouve dessine et peint des gravures à l'eau-forte. Elle parcourt Cavaillon et ses alentours pour en reproduire les contours architecturaux et paysagers. On lui doit la diffusion des premières cartes postales d ela ville. Elle s'invite dans les intérieurs, en photographie les occupants. Les clichés illustrent également des monuments de Cavaillon, des habitations, des rues... Des traces exceptionnelles qui documentent l'histoire des bâtiments et des édifices et tout un mode de vie à l'orée du XXe siècle. Un fonds hors du commun, conservé dans les musées de Cavaillon, comme dans la Maison Jouve, au côté des correspondances, carnets, mobiliers, objets conservés par la famille.

Marie-Thérèse Jouve, c'est aussi et surtout une conscience de devoir préserver les traces du riche passé cavaillonnais. En 1911, reconnaissant son rôle, la ville confie à sa garde les vestiges des monuments se trouvant dans le presbytère.

Tandis qu'avec ses frères, elle se passionne pour l'archéologie, elle prospecte, collecte objets, pièces ,outils, céramique, stèles et autres fragments préhistoriques et antiques extraits des entrailles de la terre. Trouvailles bientôt enrichies par les dons de particuliers qui connaissent le goût des Jouve pour ces curieuses découvertes. Les prémices d'un musée lapidaire sont là. Il s'installera dans la chapelle de l'ancien Hôtel-Dieu qu'elle organise dans les dernières années de sa vie, avant d'en faire legs, à sa mort en 1938, à la Fondation Calvet, comme l'ensemble des collections constituées par cette famille C'est le cas notamment de celles relatives au patrimoine juif comtadin. La maison Jouve n'est-elle pas d'ailleurs mitoyenne de la synagogue ? Marie-Thérèse va sauver de nombreux objets et ouvrages qui serviront plus tard de base à l'ouverture du Musée juif comtadin. L'acquisition progressive des bâtiments d'habitation de l'ancienne communauté juive, pour en garantir la conservation, sera également réalisée sous l'égide des Jouve. Ils se seront par ailleurs, attelés à protéger la colline Saint-Jacques et son ermitage pour les préserver de toute construction.

Une famille sur tous les fronts et une femme avant-gardiste dans bien des domaines culturels.