A Caromb, Bogidar Vermand fait chanter les violons

Pour Bogidar Vermand, luthier installé à Caromb depuis 2013, le violon ne reste qu’un simple objet tant qu’il n’a pas trouvé son musicien. Dans son atelier installé au cœur de la nature vauclusienne, cet artisan de génie profite des nombreux avantages du climat local pour donner vie à de véritables œuvres d'art, tout en s'inspirant du travail d'un certain Antonio Stradivari...

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De ses mains naissent les célèbres instruments du quatuor à cordes, ensemble musical composé de deux violons, d’un alto et d’un violoncelle. C’est pourtant en fabriquant une guitare, seul chez lui, avec le fond d’une vieille armoire et du bois trouvé dans la rue, que Bogidar Vermand, jeune passionné de musique âgé de 20 ans, a fait ses premiers pas en lutherie. Le violon n’entre dans sa vie que quelques années plus tard, lorsqu’il fait la démarche d’intégrer une école de lutherie et tient pour la première fois dans ses mains cet instrument aux courbes mystérieuses et sensuelles, dont il tombe instantanément amoureux...

 

 

 
Apprendre chez les plus grands

Aussi beau et noble le métier de luthier soit-il, il n'est pas aisé d'en vivre, d'autant que le marché est désormais inondé par les productions chinoises. Bogidar le sait : fabriquer un violon, même en y mettant tout son cœur, n’est pas suffisant. Il décide d'aller plus loin, en travaillant dans divers ateliers de lutherie, afin d’affiner son savoir-faire. Après être passé par Paris, puis Bruxelles, il est accepté chez Florian Leonhard, à Londres, l'une des plus prestigieuses maisons de lutherie au monde. Là-bas sont restaurés les instruments les plus précieux, tels que les célèbres Stradivarius.

« C'était très intense, je m’imprégnais de tout, précise le luthier. J'étais fasciné par le travail de la « section copie ». La recherche des teintes de fond, le travail d'oxydation afin que le bois neuf paraisse ancien. Tout ceci était gardé secret, alors je me suis mis à chercher, encore et encore, afin d'améliorer tous les paramètres ». Après cette période, Bogidar pose ses valises à Caromb et y ouvre un premier atelier où certains Stradivarius passeront d'ailleurs les portes. Aujourd’hui, il travaille chez lui, sur les collines qui surplombent le village, dans un environnement qui profite pleinement à son travail.  

 

 

Installé sur les hauteurs de Caromb, Bogidar Vermand fabrique un instrument par mois, dans la plus pure tradition

 
Un climat idéal

Le calme, la lumière, la nature… Autant d’éléments inspirants offerts par le Vaucluse, auxquels s’ajoutent des avantages techniques et pratiques à vivre sur les hauteurs. « Le climat sec du Vaucluse convient parfaitement à mon travail. Lorsque l’on fabrique un violon, on affine des planches jusqu’à 3 mm d’épaisseur. Trop d’humidité mènerait à une rétractation du bois, puis à la cassure. Les collages tiennent mieux... Tous ces facteurs sont positifs pour l’instrument ».

Si l’hygrométrie locale offre une plus grande pérennité aux instruments qui sortent de l’atelier de Bogidar, le soleil, contrairement à ce que l’on pourrait croire, a lui aussi un rôle à jouer, et pas des moindres. S’inspirant des instruments tels qu’ils étaient réalisés durant l’âge d’or italien, le luthier cherche à donner une légère teinte au bois avant que celui-ci ne soit vernis.

« Le soleil me permet d’offrir à mes instruments un bronzage long et progressif, explique-il. Autrefois j’utilisais une boite à UV, lorsque mon atelier était dans le centre du village. Mais maintenant je peux laisser le soleil, pendant environ trois semaines, oxyder naturellement le bois ».

La liste d'attente est longue pour ceux et celles qui souhaiteraient s'offrir l'un de ces somptueux instruments made in Vaucluse. Au rythme d'un violon par mois, Bogidar sculpte le bois comme le son, dans la tradition la plus pure. Technicien hors pair, il écoute aussi le sensible, gardant à l’esprit ce qu’il a pu percevoir de la personnalité d’un musicien, afin de lui donner une voix qui soit la plus juste.

 

 

Le climat sec et ensoleillé du Vaucluse convient parfaitement au travail du luthier.