Ginette Kolinka, une mémoire vive face aux collégiens

Depuis plus de vingt ans, Ginette Kolinka parcourt la France pour témoigner sur les atrocités de la Shoah. Elle a récemment rencontré des élèves de 3e des collèges Saint-Exupéry de Bédarrides et Jean-Henri Fabre de Carpentras avec un message fort : « Plus jamais ça ! ».

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Des élèves attentifs, qui ont écouté avec émotion Ginette Kolinka, l’une des dernières rescapées du camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau. Agée de 98 ans, elle a répondu à l’invitation des enseignants et du principal du collège, Patrick Nieto. A ses côtés, Daniel Cling, président des Amis de la Fondation pour la Mémoire des Déportés du Vaucluse, a relayé les questions des collégiens.

D’une voix calme, Ginette Kolinka est revenue sur cette période sombre : « Regardez-moi bien et ces photos que je vous montre, celles de mon frère et de mon neveu. Selon vous, est-ce que ce sont des gens normaux ? ». Dans l’assistance, la réponse est unanime : « oui ! ». « Pour les nazis, nous n’étions pas normaux parce que nous étions juifs ».

 

Dénoncés et arrêtés par la Gestapo

Et Ginette Kolinka de raconter en détail son histoire pendant la Seconde guerre mondiale : le départ de sa famille vers la zone libre, en juillet 1942, pour rejoindre le Sud de la France. En mars 1944, avec son père, son petit frère et son neveu, elle est arrêtée par les Allemands avant de partir en déportation en direction du camp d’Auschwitz-Birkenau. Un temps internée dans les camps de Bergen-Belsen et de Theresienstadt, elle est libérée en mai 1945. C’est la seule rescapée : son père Léon, son jeune frère Gilbert ainsi que son neveu ont été gazés à Auschwitz. A Paris, quelques semaines plus tard, elle a retrouvé ses sœurs et sa mère qui, averties par une voisine, avaient échappé à la Gestapo trois ans auparavant.


Gagner la zone libre

Devant les collégiens, Ginette Kolinka a aussi évoqué les souvenirs les plus marquants. « Nous avons passé séparément la ligne de démarcation grâce à l’aide de passeurs. Mon père trouvait cela plus prudent. Nous devions ensuite tous nous retrouver à Aix-les-Bains. De là, nous sommes allés à Avignon. Jusqu'en mars 1944, la famille a alors travaillé sur les marchés autour des remparts, grâce à des fausses identités ».

Puis vient la description des camps de concentration : « L’humiliation, les coups, la faim, le froid, la haine, la cruauté. Il y avait aussi des moments de fraternité comme lorsque Simone Weil m’a offert une robe, un geste qui m’a sauvée ». A Auschwitz-Birkenau, les femmes sont regroupées, déshabillées entièrement et tatouées. Ginette Kolinka montre son numéro aux élèves, toujours lisible sur son bras : 78599. « Je n’ai jamais su ce qu’il voulait dire…» 

 

« Vous êtes à votre tour des passeurs de mémoire »

Au collège de Bédarrides, comme dans tous les établissements scolaires où elle intervient, Ginette Kolinka a répété inlassablement le même message : « Méfiez-vous de la haine, combattez-la ! ». L’occasion d’un message adressé directement aux élèves : « Quand le dernier déporté aura fermé les yeux, il n’y aura plus que vous pour témoigner. À partir de maintenant, vous devenez des passeurs de mémoire. On compte sur vous ».