Journées Européennes du Patrimoine

Le pont romain de Vaison, 2 000 ans d’histoire

A l’occasion des Journées européennes du Patrimoine, une visite-conférence sera animée par Jean-Marc Mignon, archéologue du Département, pour mieux connaître l’histoire du pont romain de Vaison-la-Romaine. Le rendez-vous est donné le samedi 20 septembre, à 15h30 (réservation obligatoire).

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Le pont romain fut pendant longtemps le seul vestige visible de l’antique Vasio, aujourd’hui Vaison-la-Romaine. En 2 000 ans d’existence, cet ouvrage a connu des crues, des guerres… Mais il est toujours là, enjambant l’Ouvèze et permettant aux piétons et voitures de relier la ville haute et la ville basse. Il est classé Monument historique depuis 1840. Avec le pont Julien, à Bonnieux, ils sont les seuls ponts antiques encore debout en Vaucluse. L’archéologue du Département, Jean-Marc Mignon, qui a mené une étude sur l’édifice entre 1992 et 1993, nous en dit plus sur son histoire et ses secrets de longévité. 

 

1-Un pont à l’épreuve des crues : On a tous en tête les images glaçantes de la crue de l’Ouvèze du 22 septembre 1992. Les flots qui passent par-dessus le pont, cette caravane qui se fracasse contre l’ouvrage. Malgré la violence de cet événement climatique, le pont n’a pas cédé. Mais il a bénéficié ensuite d’une restauration menée par Didier Repellin, architecte en chef des Monuments Historiques, précédée d’une étude pour mieux comprendre sa composition. « La principale information que l’on a recueillie, c’est que le pontoriginel ne présentait pas un tablier rectiligne et horizontal. On a choisi de l’intégrer à la restauration, en restituant en partie ce profil en dos-d’âne  », retrace Jean-Marc Mignon, qui a participé à l’étude à l’époque. Avant cette crue, le pont avait déjà subi une puissante inondation de l’Ouvèze en 1616.

 

2-Il a failli disparaître pendant la Guerre : en 1944, après le Débarquement de Provence, l’armée allemande en repli a détruit beaucoup de ponts pour freiner la poursuite des Alliés. Elle a voulu détruire le pont romain, plaçant deux bombes dans le tablier. « Mais c’était des bombes aériennes, pas prévues à cet effet. Il n’y en a qu’une qui a explosé. Le pont a été abîmé, secoué, mais pas détruit », explique Jean-Marc Mignon.

 

3-D’autres restaurations connues : la dernière restauration du pont romain a eu lieu après la crue de l’Ouvèze de 1992. Mais d’autres ont eu lieu avant, plus ou moins fidèles à la silhouette originelle de l’ouvrage. Entre 1842 et 1843, les murs de tête et les parapets sont remplacés par une maçonnerie en grand appareil, en s’inspirant du modèle du pont romain de Rimini, en Italie. Cette restauration a été grandement emportée par la crue de 1992. 
En 1954, plusieurs claveaux endommagés par l’explosion de 1944 avaient aussi été remplacés. Toutes les pierres abîmées ont donc été changées à l’identique et mises en place dans les mêmes conditions techniques. La carrière de Beaumont-du-Ventoux a même été rouverte pour obtenir les mêmes blocs.

 

4-Pourquoi ce pont a-t-il été construit ? A l’époque romaine, la plupart des rivières se traversaient à gué. Alors pourquoi ce pont au-dessus de l’Ouvèze, qui a un débit assez modéré la grande majorité du temps ? Jean-Marc Mignon avance une hypothèse : « Des vestiges archéologiques montrent qu’à l’époque romaine, on a éprouvé la nécessité d’endiguer la rivière, avec un système très haut et très puissant. On imagine que les Vaisonnais ont eu à subir une crue de l’Ouvèze suffisamment dévastatrice pour vouloir mettre en place cet endiguement. Qui dit digue, dit qu’on ne peut plus traverser à pied. » Ce pont pourrait donc être la résultante d’une crue de la rivière. Diverses observations et hypothèses permettent aux archéologues de dater la construction du pont à la fin du premier siècle après J.C., notamment en mesurant aux cernes du bois utilisé pour le pilotis de fondation des digues. C’est ce qui s’appelle la dendrochronologie. La question qui reste en suspens, c’est pourquoi le pont présente une largeur de neuf mètres, et non de six mètres comme la plupart des ouvrages romains. Était-ce pour laisser davantage d’espace aux attelages pour manœuvrer malgré l’angle droit créé par la montagne ? Etait-ce parce qu’un aqueduc passait aussi sur le pont ? Pour l’instant, aucune hypothèse n’a pu être confirmée.

 

5-C’est du solide ! Cela ne se voit pas mais les pierres du pont sont liées entre elles avec des pièces métalliques horizontales et verticales, goujons et agrafes. Toutes ces pièces ont été noyées dans du plomb au préalable, pour éviter qu’elles ne rouillent et ne fragilisent ensuite le pont. Cette double fixation explique aussi la solidité de l’ouvrage dans le temps. 

Pour tout savoir sur le pont romain, inscrivez-vous à la visite-conférence, organisée dans le cadre des Journées européennes du Patrimoine en partenariat avec la Direction du Patrimoine de Vaison-la-Romaine. Elle a lieu le samedi 20 septembre, à 15h30. Inscription obligatoire au 04 90 36 50 05. Rendez-vous quai Pasteur. 

Retrouvez le programme des Journées Européennes du Patrimoine (Les 20 et 21 septembre, suivez le guide ! - Vaucluse)