Interview de Christian Prudhomme, Directeur du Tour de France
« Le Ventoux, c’est le Tour de France dans l’ombre et la lumière »
- Que vous inspirent les deux étapes vauclusiennes, les 22 et 23 juillet ?
L’étape du 22 juillet sera, bien sûr, marquée par l’ascension du Mont-Ventoux. Elle interviendra juste après le passage dans les Pyrénées et juste avant les étapes dans les Alpes. C’est dire si elle va être très importante. Le lendemain, le 23 juillet, Bollène sera pour la première fois ville-départ d’une étape. Nous sommes heureux de revenir à Bollène qui avait déjà été ville-étape de Paris-Nice dans les années soixante et plus récemment, en 2021, dans des conditions difficiles car la course se déroulait en pleine crise sanitaire.
- Quelle est la place du Ventoux dans le Tour de France ?
Il y a toujours une émotion particulière avant le départ et tout au long de l’étape. C’est un lieu unique par la beauté des paysages, ce relief si particulier. Pour les coureurs, c’est une ascension particulière car le Ventoux se voit de loin et l’étape présente un profil très différent entre le pied et le sommet. Le Ventoux, c’est le Tour de France dans l’ombre et la lumière, avec des moments restés mythiques et les défaillances de coureurs. Il y a bien d’autres sommets prestigieux dans les Alpes ou les Pyrénées mais le Ventoux reste à part. A l’étranger, aux Etats-Unis, en Australie ou au Japon, c’est une vraie star.
- Quels souvenirs vous ont plus particulièrement marqué ?
Mon premier souvenir remonte à 1972. Enfant, j’avais regardé l’étape à la télévision reliant Carnon-plage au Ventoux, remportée avec brio par Bernard Thévenet (NDLR : deux fois vainqueur du Tour de France en 1975 et 1977). Il avait décroché cette victoire alors qu’il avait été victime d’une chute quelques jours avant et s’est imposé devant les grands champions de l’époque : Eddy Merckx, Luis Ocana et Raymond Poulidor. Je garde aussi en mémoire l’étape de 1987, un contre-la-montre remporté par Jean-François Bernard, à la fois au plan sportif mais pas seulement. A la suite d’un départ d’incendie au col des Abeilles, des véhicules de pompiers avaient dû remonter la route en sens inverse. Cela nous rappelle, en tant qu’organisateurs, qu’on n’est pas à l’abri d’un incident. Enfin, l’étape 2016 bien sûr. En raison du vent violent, l’arrivée s’est finalement faite au Chalet Reynard. En sortant de ma voiture, je vois sur les écrans géants que Christopher Froome est en train de courir à pied ! Je me suis aussitôt renseigné pour savoir ce qu’il se passait car nous n’avions pas, comme c’est le cas aujourd’hui, de télévision à bord des véhicules. Autant dire qu’il se passe toujours quelque chose au Ventoux !