Mont-Ventoux
Patrick Chêne, ses souvenirs au micro du Tour de France
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Chaque matin, Patrick Chêne jette un regard sur le Ventoux, parfois bien dégagé, parfois à peine visible à travers la brume. « C’est mon repère, grâce à lui, je sais la météo », dit-il avec un sourire. Depuis 2014, l’ancien journaliste sportif est installé à Caromb, au pied du Géant de Provence, où il a acheté un domaine viticole, le Domaine Dambrun. Une vie bien différente de sa carrière à la télévision à couvrir les grands événements sportifs, mais qui l’avait déjà amené à côtoyer la montagne vauclusienne culminant à 1 910 mètres d’altitude : « Quand je commentais le Tour de France, on me posait en hélicoptère au sommet. Mais je n’avais pas beaucoup l’occasion de voir ce qu’il se passait en bas. Je le découvre maintenant, chaque jour, en habitant ici. »
La surprise Eros Poli
De 1989 à 2000, Patrick Chêne a commenté la Grande Boucle pour France Télévisions et a fait étape à plusieurs reprises dans le Vaucluse, notamment au sommet du Géant de Provence. Un sommet redouté de bien des partants, où souvent les grimpeurs faisaient la différence. Mais en 1994, un coureur avait contredit cet adage lors d’une étape reliant Montpellier à Carpentras avec une ascension sur le toit du Vaucluse. Pour Patrick Chêne, c’est peut-être là que s’est produite « la plus grande surprise au Ventoux. » Celui qui était alors à l’antenne raconte : « Il y avait Eros Poli, un Italien d’1,95m, 85kg, pas du tout taillé pour être grimpeur et pour gagner. Il était présent sur le Tour seulement pour aider les sprinters. Le peloton l’a laissé partir en pensant qu’il allait craquer mais il n’a pas craqué! Au sommet, il avait gardé plus de quatre minutes d’avance sur Marco Pantani, il a descendu très vite et il a gagné. Et l’histoire était vraiment très belle pour cet inattendu vainqueur. »
Le Ventoux, une montée redoutée
En tant que journaliste, il avait aussi suivi le contre-la-montre avec Jean-François Bernard en 1987, qui avait ramené une victoire tricolore sur cette étape entre Carpentras et le sommet. « Il avait signé une performance assez étonnante. Les Français s’étaient vraiment emballés là-dessus. » En tant que commentateur, il a également vu s’illustrer Marco Pantani, Richard Virenque. « Ce sont des victoires de purs grimpeurs, c’est toujours spectaculaire. Ces coureurs s’envolent un peu. Alors que Eros Poli, c’était autre chose. Il était collé à la route lui. C’était un suspense formidable pour le commentateur que j’étais. Tout ce qui est indécis, c’est le plus sympa », estime-t-il.
Au cours de sa carrière de journaliste, Patrick Chêne a suivi vingt éditions de la Grande Boucle. Et souvent le Mont Ventoux revenait comme le col le plus redouté dans les récits des coureurs : « Les meilleurs grimpeurs savaient qu’ils allaient faire la différence. Pour les autres, il y avait plus de crainte. »
Sur une étape, « tout peut arriver »
Plus de trente ans après, Patrick Chêne a délaissé les micros mais n’a pas perdu sa voix emblématique : « Je parle à la télé, comme je parle dans la vie. Je ne fais pas de différence », concède-t-il. Ce 22 juillet, le jour de l’étape Montpellier-Mont Ventoux, il restera dans les environs et commentera la course seulement avec les copains. Peut-être au Bistrot du Large, à Bedoin, ou un peu plus haut sur le parcours. Il se réjouit que le peloton passe par le rond-point des Cyclistes où il a fait ériger en 2021, avec la Mairie de Bedoin, une stèle à la mémoire de Robert Chapatte, son mentor et patron des sports de France Télévisions.
En revanche, pas question pour le journaliste d’avancer des pronostics. On n’est jamais à l’abri d’un revirement de situation, surtout lors de l’ascension du Géant de Provence, « où tout peut arriver ». Et cette nouvelle étape devrait tenir toutes ses promesses, placée à seulement quatre jours de l’arrivée sur les Champs-Elysées. « Les organismes seront déjà bien fatigués, le Ventoux pourrait faire du dégât… », conclut Patrick Chêne.
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