Aubignan

Belle-Île - L’eau et la terre

Il y a, en Vaucluse, des lieux façonnés de la main de l’homme et qui ont, paradoxalement, fait éclore une nature sauvage et exubérante. C’est le cas de la zone humide d’Aubignan, joliment nommée Belle-Île : elle est née au confluent de plusieurs cours d’eau (Seyrel, Lauchun et Brégoux) et, à ce titre, a servi de zone d’expansion des crues.

Les paysans ont utilisé cette eau pour inonder les prairies, récolté l’argile pour entretenir les digues… C’est ainsi qu’homme et nature se sont réunis, pour faire de ce site une véritable mosaïque de milieux humides bocagers qui abritent une remarquable diversité de faune et de flore. L’homme intervient encore, mais cette fois, pour proposer des panneaux d’interprétation et des lieux d’observation qui rythment une jolie balade entre sous-bois et marais. On peut aussi se laisser guider par les nuées de papillons ou en musardant au fil d’une promenade d’une heure, le nez en l’air pour découvrir les oiseaux. Ou on profite de cette aubaine pour apprendre à distinguer la buse de l’épervier ou du faucon crécerelle et savoir écouter les cris stridents du milan noir – il y en a trois couples –, ou le bruit des castors, infatigables constructeurs. Au fil de ces paysages contrastés entre arbres et roseaux, en famille, c’est une belle occasion pour les photographes, amateurs ou pas, de collectionner les clichés animaliers, les clins d’œil du soleil entre les feuilles, et les images de roseaux chantants et d’oiseaux : Belle Île est généreuse, et c’est cela aussi qu’on appelle la biodiversité.

 

 

 

 « La zone de Belle-Île a une fonction essentielle, aussi bien pour la protection des biens et des personnes que pour celle du patrimoine naturel. Pour prendre une image, il s’agit d’un « casier » qui peut accueillir les eaux de débordement de plusieurs rivières environnantes et permet ainsi de limiter les inondations en aval. Cette configuration garantit aussi le caractère « humide » du site, indispensable à de nombreuses espèces, comme les crapauds, les libellules, les poules d’eau… »

Hervé Oubrier, technicien de rivière à l’EPAGE Sud-Ouest Mont Ventoux.