Buoux

Le vallon de l’Aiguebrun -Le secret d’une profonde gorge

Depuis la nuit des temps, l’homme s’est réfugié au bord de ce ruisseau qu’est l’Aiguebrun, tant il est vrai que l’eau a pris le temps de fouiller la roche pour se nicher au fin fond d’une véritable gorge. Du reste, l’homo-erectus en a gardé l’habitude, puisqu’il vient du monde entier pour escalader désormais ces immenses falaises qui partagent le Luberon.

A part ce prédateur qui a laissé « traîner » quelques silex taillés, bien des espèces ont trouvé elles-aussi refuge dans ce lieu de fraîcheur où la lumière sait cheminer : des castors, des Blaireaux d’Europe, mais aussi les mésanges, des Pics verts et épeiches et même des chauves-souris s’y épanouissent en toute sérénité. Ils se cachent au sein des chênes, cornouillers, frênes ou tilleuls, dans le ruisseau ou dans les recoins des éboulis et représentent une diversité particulièrement riche. D’ailleurs, même en grimpant, on peut croiser quelques curieux : de petits scolopendres ou des Lézards ocellés... Alors, on est attentif : à ne pas faire rouler pour le plaisir, les pierres jusqu’au fond de la gorge (on risque d’abîmer une minuscule et rare fougère, la Doradille des murailles), à ne pas laisser traîner ses déchets qui peuvent tuer des animaux, à marcher doucement pour ne pas déranger ce petit monde et à ne pas cueillir ou dégrader une végétation si sereine. On se sent invité, hôte chanceux et privilégié d’un lieu intact depuis les premiers matins du monde.

 

« Face aux hommes, les chauves-souris ne jouent pas à armes égales et souffrent à la fois des insecticides, de la pollution lumineuse, des voitures, des coupes d’arbres… Dans le vallon de l’Aiguebrun, elles profitent d’un environnement très préservé. Elles peuvent jouer pleinement leur rôle de principal prédateur nocturne d’insectes et une étude récente a prouvé leur utilité face à la mouche de l’olivier, qui peut représenter jusqu’au tiers de la nourriture des chauves-souris. Les protéger, c’est aussi protéger l’agriculture et donc les hommes »

 

Fanny Albalat, Groupe Chiroptères de Provence