La mode romaine, témoin du passé

 

 

Anaïs Roumégous, archéologue au Conseil départemental de Vaucluse, n'est pas prête d'oublier ce matin de février 2021 à Vaison-la-Romaine. Avec son équipe, elle procède à un diagnostic archéologique, chemin de Mirabel, au nord-est du théâtre antique, où des habitations privées doivent être réalisées. Sur la parcelle légèrement en hauteur, le tractopelle est en action pour procéder aux investigations archéologiques d'usage avant la délivrance d'un permis de construire. Dès la première tranchée, l'archéologue aperçoit sous la terre remuée des ondulations d'apparence blanches." Je me suis vite rendue compte que ce n'était pas de la roche. Seulement une vingtaine de centimètres de ces ondulations étaient visibles, il a donc fallu élargir la tranchée pour se rendre compte qu'il s'agissait bel et bien d'une statue et qu'elle mesurait près d'1,40 m de long !Une incroyable découverte ", en frissonne encore Anaïs Roumégous. La statue en calcaire coquillier représente un personnage féminin. Elle est très bien conservée et n'a que peu de cassures mais les bras, la tête et les pieds sont manquants, tandis que la poitrine est " bûchée " ce qui témoigne d'un probable arrachement volontaire.

 
 
La mode romaine, témoin du passé

La sculpture est vêtue d'une tunique-chiton plissée et boutonnée par cinq boutons sur les manches. Par-dessus, une stola, vêtement traditionnel des femmes mariées de la Rome antique avec bretelle, forme des plis en V emboîtés à l'encolure et moule la poitrine. Retenue par un cordon à nœud à la taille, elle dessine une série de plis anguleux et désordonnés. Un lourd manteau (palla) chevauche l'épaule gauche, traverse le dos en oblique et remonte de la hanche droite sur l'avant-bras gauche pour former une cascade de plis le long du dos, de la jambe et du côté gauche. La disposition du manteau sur les épaules et la présence de courtes mèches ondulées sur l'arrière du cou indiquent que la femme avait la tête découverte. Tout comme ses vêtements, la posture de cette femme est une mine d'informations pour Aurora Taiuti, spécialiste de la statuaire antique chargée de l'étude. La statue se tient debout de face, en appui sur la jambe gauche, la jambe droite légèrement pliée, écartée sur le côté. Son bras droit pend le long du corps, tandis que le bras gauche, qui est manquant, devait être levé, comme l'indique assurément la position de l'épaule.